Sur la route qui va du village de mon père et de son père
à celui où sont nées ma mère et sa mère,
le temps s’est retourné.
Il m’arrive de n’être plus trop attentive à ce monde tel qu’il se veut,
dans une dérive destructrice de ce qui m’enchantait, enfant.
Je vois en traversant les villages cette vie d’autrefois.
Mes yeux de chair recèlent un mystérieux pouvoir,
celui de voir derrière les apparences ce qui semble n’être plus là,
dans un lien invisible, en une alchimie mémorielle.
Je demande à la Terre
En posant les paumes de mes mains
La touchant, inclinée vers elle
D’ouvrir mes yeux d’Immortelle
Dans la nuit
Quatre autour du feu
Au milieu de la forêt
Avec le vent dans les frondaisons
Vers la lumière
Vers l’Équilibre
Debout Ensemble
Nous marchons de nuit
La forêt
Ouvre lentement ses yeux
Nous contemplons longtemps
Ce visage silencieux
Assis dans l’herbe au milieu du chemin de terre
Nous nous relevons
Traversons la trouée où souffle toujours le vent
Sous la haute futaie vibrante
Nous retournons vers le feu
Là haut les étoiles
La douceur revenue
Aurore Heinimann – 21 Juin 2019